On avait cru que la mondialisation de l’économie effacerait les pouvoirs des nations. Non seulement il n’en est rien, mais ces pouvoirs semblent être des armes efficaces dans la guerre que se livrent les entreprises géantes. Chronique extraite du Monde
Chaque mois apporte une nouvelle preuve de l’importance des ressources nationales dans le jeu économique. Après Nissan, en novembre 2018, qui a mis en tension son alliance avec Renault en saisissant la justice nippone contre son président français, Carlos Ghosn, c’est la justice américaine qui a lancé, en janvier, vingt-trois chefs d’accusation contre le géant chinois des télécommunications Huawei et sa directrice financière, Meng Wanzhou.
On avait cru que la globalisation de l’économie effacerait les pouvoirs des nations. Non seulement il n’en est rien, mais ces pouvoirs semblent être des armes efficaces dans la guerre que se livrent les entreprises géantes.
D’autre part, dans les combats qui se déroulent au cœur des instances de gouvernance des grandes entreprises, le recours aux intérêts nationaux est un moyen de conserver ou de s’emparer du pouvoir : ainsi en est-il des cas Renault-Nissan ou Air France-KLM.
Gagnants et perdants
Les entreprises géantes demeurent transnationales et la tendance aux méga-OPA se poursuit. Les tensions nationales ne signifient donc pas un recul de la mondialisation, mais elles montrent qu’on l’avait mal interprétée. La mondialisation ne signe pas l’effacement des frontières.
Signe des temps, dans son livre, L’Affolement du monde. 10 enjeux géopolitiques(Tallandier), Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales, montre l’importance que revêt désormais la dimension géopolitique comme ressource stratégique des très grandes entreprises.